Comment réagissez-vous lorsque quelqu’un est imprégné d’une émotion à côté de vous ? Est-ce que vous le percevez facilement ? Etes vous à l’aise avec cela ? Que ressentez-vous, en vous ? Vous est-il difficile de comprendre et accueillir les émotions des autres ?

Lors de mes séances, certaines personnes que j’accompagne me font part de  leur sensibilité à ce qu’elles ressentent des autres. Elles ressentent fort en elles les émotions et sentiments des autres : tristesse, colère, mal-être, etc. Elles ont alors la sensation d’être un peu comme des « éponges« , imbibées de ce qu’elles ont perçu de leurs proches. C’est parfois inconfortable et déstabilisant. Elles associent souvent ce phénomène à un trop-plein d’empathie et peuvent ressentir des difficultés à le gérer.

Mais qu’est réellement l’empathie ? Est-elle une force ou une faiblesse ? Comment la développer ? En quoi est-elle un cadeau à (s’)offrir ?

Définissons trois formes d’empathie :

L’empathie émotionnelle est la reconnaissance et la compréhension des sentiments et des émotions d’une autre personne sans confusion entre soi et l’autre .

Il s’agit donc d’un processus de résonance émotionnelle et de souplesse mentale permettant d’entrer en connexion avec la subjectivité de l’autre et de l’appréhender avec une certaine proximité. On pourrait la résumer en « la capacité à se projeter dans ce que l’on perçoit ».

La capacité à comprendre les pensées et les intentions de l’autre est désignée par l’empathie cognitive.

Ainsi, lorsque vous parlez à quelqu’un qui semble ailleurs et qui ne vous répond pas, l’empathie cognitive vous permet de comprendre qu’il est dans ses pensées, absorbé par autre chose (…et par empathie compassionnelle, vous la laissez rêvasser tranquille).

Enfin, l’empathie compassionnelle est une forme de réponse active offerte à l’autre suite à la perception empathique : elle implique une réaction bienveillante à ce qui est ressenti de l’autre.

Cela s’apparente à de la sollicitude. C’est ainsi que l’interaction entre les deux sujets est adaptée et enrichie.

Ainsi, vous nourrissez le système relationnel et, pourquoi pas, le lien.

empathie animale

Est-elle une capacité innée ou acquise ?

Les neurosciences ont investigué sur ce sujet par le biais de l’imagerie médicale (IRM). L’analyse des zones activées dans le cerveau du spectateur d’une douleur accidentelle et de celui de la personne subissant elle-même cette douleur a permis d’observer que les mêmes zones sont activées par celui qui la vit et celui qui l’observe.

Cette résonance semble assez primitive et serait en place dès la naissance. C’est d’ailleurs une spécificité observée chez d’autres mammifères que l’homme.

Il s’agit cependant là d’un phénomène qui pourrait être accentué ou modulé  en fonction de notre éducation et des relations interpersonnelles ou sociétales que nous entretenons.

Outre leur action sur l’activation de l’empathie, les neurones miroirs (ici en jeu) auraient également  une fonction importante dans notre développement et nos apprentissages, notamment par mimétisme.

Nuances entre l’empathie et la sympathie

La sympathie se différencie de l’empathie par le processus interne de l’observateur.

La personne manifestant de l’empathie reconnait l’émotion de l’autre et peut éventuellement adapter son comportement pour faire preuve de bienveillance (empathie émotionnelle + empathie compassionnelle).

Dans la manifestation de la sympathie, le sujet observateur partage l’émotion, le sentiment de celui qui l’a manifesté en premier, un peu comme si c’était devenu également le sien.

Contagion émotionnelle

Par exemple, mon ami s’entaille le doigt et son sang coule, il souffre et il est paniqué. Je peux réagir avec empathie ou bien avec sympathie…

Avec empathie, je prends immédiatement conscience de sa douleur, de son sentiment de panique et je réagis en prenant en charge le soin de sa plaie. Mon sang froid est bien utile pour lui porter assistance, n’est ce pas ?

Si je réagis avec sympathie, en voyant la scène, j’ai l’impression de ressentir sa douleur physique, je sens la panique commencer à me submerger. Dans cet état interne, il va m’être compliquer de lui porter assistance et la situation va être compliquée à gérer. D’autant plus que je risque ainsi d’accentuer la panique de mon ami par effet miroir.

Ne pas confondre empathie et contagion émotionnelle

Pour illustrer cela, la posture du thérapeute est facile à comprendre par cet exemple : je suis présente à ce que vit la personne que j’accompagne avec empathie sincère et profonde pour pouvoir être « soutien ». Si je fais preuve de sympathie, alors, je m’imprègne des émotions qui ne sont pas « à moi » : je vais m’épuiser émotionnellement et cette vague émotionnelle dégradera ma capacité à lui fournir un accompagnement qui lui permette d’aller de l’avant. Donc, je veille à être en empathie afin de nous protéger tous les deux et de rester en mesure de sécuriser et d’accompagner son processus.

Vous pouvez donc ajuster votre posture pour ne plus souffrir du syndrome de l’éponge. Développer votre capacité à faire le tri entre ce qui vous appartient et ce qui ne vous appartient pas vous aidera à aider vos proches sans vous épuiser émotionnellement. Ne pas « prendre » l’émotion de l’autre n’est pas un signe de désintérêt et facilite le soutien que vous pouvez lui apporter avec toute votre sincérité.

Autrement dit, si vous vous souhaitez venir en aide à quelqu’un tombé dans le ravin, la meilleure option n’est pas de l’y rejoindre mais de saisir toute la mesure de l’urgence et de rester du bon coté pour lui apporter toute l’aide nécessaire pour qu’il puisse en sortir. Dans cette illustration, notez que vous ne pourrez l’aider que s’il est volontaire pour en sortir. Il devra faire sa part ! Comme en thérapie 🙂

Comment développer cette capacité ?

Commencez par vous connecter à vous même : prenez soin d’observer vos propres intuitions, sentiments et émotions dans le détail. Regardez avec bienveillance la couleur et les traits de vos comportements, vos schémas, vos croyances. Ça ouvre quelque chose, n’est ce pas ? Indulgence bien ordonnée commence par soi-même !

Votre empathie étant dirigée vers l’autre, il va sans dire que pour la développer, aller vers autrui va être incontournable. Aller vers l’autre en se mettant un peu soi-même en retrait pour être en posture d’accueil. Concrètement, cela signifie faire preuve d’écoute active, le questionner, reformuler, sans émettre d’avis ni de jugement.

L’observer au delà des mots et prêter attention à son langage corporel, aux expressions de son visage, à la posture de son corps vous aidera également à entrer en connexion.

S’abstenir de tout jugement : l’idée est justement d’essayer de le comprendre. Jetez votre grille d’analyse mentale du comportement des autres et imaginez qu’il fait de son mieux. Prenez conscience que vos certitudes, vos points de vue, vos croyances ont la même valeur que ceux des autres et qu’il y a autant de vérités que d’individus. N’est ce pas fascinant, justement, de s’enrichir de l’unicité de l’autre ?

 

Clé du coeur

L’empathie, un cadeau à (s’)offrir !

L’empathie est une magnifique qualité humaine qui permet de soutenir l’autre avec justesse. Elle témoigne d’une jolie sensibilité et d’une forme de grandeur d’âme par l’acceptation et la compréhension de l’autre, cela en dépit de ses différences. Cela passe souvent par une forme de dépassement de soi, de ses carcans et de certaines peurs.

C’est un moyen extraordinaire de se connecter à l’autre et, d’une manière plus générale, à ce qui se vit au delà de soi. N’est ce pas également là une merveilleuse manière de se réconcilier avec tout ce qui nous divise, que ce soit à l’intérieur, comme à l’extérieur de nous ?

Quand l’empathie fait son cinéma 😉

Communication empathie